ÉTRETAT ET LA PEINTURE

Couleurs changeantes, mer en perpétuel mouvement, lumière déclinante sur les falaises de craie, Etretat a inspiré les plus grands peintres réalistes, romantiques, impressionnistes ou fauvistes. Monet en tête de file, beaucoup ont laissé le pinceau saisir sur le vif la lumière, la course du soleil et les scènes de vie de la petite station balnéaire. Tour d’horizon.

Claude Monet est sans doute le peintre qui fut le plus inspiré par Etretat. Tombé totalement sous le charme de la station notamment pour son calme d’hiver lorsque les touristes lui ont rendu sa quiétude naturelle, le peintre fera de ses retraites à Etretat des sessions de travail prolifiques. L’isolement symbolique du village deviendra pour lui une condition pour se libérer et ouvrir son génie à la création. Entre 1883 et 1886 l’artiste délivrera une cinquante de tableaux d’Etretat, captée à toutes les heures, par tous les temps comme pour figer sur la toile la fugacité de chaque moment, effacé instantanément par la luminosité changeante. Gustave Courbet a également fait d’Etretat un modèle régulier. La porte d’Aval, l’aiguille, la plage et les falaises ont été l’objet de nombreuses de ses toiles (La Falaise d'Étretat après l'orage en 1869, La Vague, peinte à Étretat la même année). En 1884 l’impressionniste Gustave Caillebotte peignait « Le père Magloire sur la route entre Saint-Clair et Etretat ». En plus d’un bel hommage à la station balnéaire, il dépeint avec force de détails, à la pointe de son pinceau, le chemin d’accès au Donjon. Barthold Jongkind, Camille Corot, Eugène Isabey, Eugène Delacroix et Eugène Boudin ont aussi, chacun dans leur style, capté la magie vaporeuse et éphémère de ce petit bout de la côté d’Albâtre.

Entre les murs du Donjon, la peinture a aussi trouvé son territoire d’expression, une expression contemporaine avec Jean-Charles de Castelbajac, créateur foisonnant et avant-gardiste au talent polymorphe. Pop, colorée, poétique, graphique, les adjectifs pour décrire l’œuvre du créateur sont aussi nombreux que son art a de territoires d’expression. Personnalité bouillonnante à l’anticonformisme génial, il a collaboré tout azimut avec des artistes comme Andy Warhol, les Sex Pistols, Takashi Kenzo ou encore Raoul Hausmann.Ses « robes tableaux » ont fait sensation, ses parfums ont tourné les têtes, le pape Jean-Paul II a porté ses créations et le Musée de la Mode de Paris lui a consacré une rétrospective. Bientôt, c’est au Donjon,à même le mur du salon des créateurs, qu’il peindra une immense fresque en hommage à Etretat, ses paysages et sa lumière à nul autre pareil. Héritage architectural de la fin du XIXème, décoré dans l’esprit de la Belle Epoque, le Donjon se fera alors toile de fond pour l’œuvre colorée de Jean-Charles de Castelbajac, grapheur des temps modernes.

Nombreux sont les artistes à avoir d’ailleurs trouvé résidence entre les murs du Donjon. Ici et là le peintre sculpteur normand Jef Friboulet a laissé toiles et statues (Le Baiser, le violoncelliste, le golf), toutes fondues dans la fonderie d’art Bocquel, chère à César. Ailleurs, ce sont les tableaux du peintre Roland Lefranc, si inspirés de la valse des pêcheurs que l’on ressent presque les embruns marins. Plus loin la toile « La Belle Etretat » d’Isabelle Tambeur, artiste locale aux multiples talents, peintre, tatoueuse et sculpteuse.

La peinture comme expression de la grâce insaisissable d’une Etretat changeante au gré de la lumière, ici plus qu’ailleurs l’art est partout. Poussez la porte du Donjon, promenez-vous dans ce petit musée, puis ouvrez la fenêtre sur la beauté du monde.


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